Dans "Chez nous", nous assistons aussi au retour de Jack mais cette fois-ci du point de vue des Boughton. Il y a là, le père, ancien pasteur presbytérien, malade et très faible et sa fille, Glory, petite dernière de la fratrie de 8 enfants. Glory a bientôt 40 ans, elle est revenue pour s'occuper de son père mourant. Elle a quitté son travail d'enseignante et a subi aussi une grande déception amoureuse. Jack fut un garçon difficile, menteur, voleur, solitaire, en éternelle souffrance, devenu alcoolique. Et malgré tout, il fut le fils préféré. Ce sont donc deux enfants, adultes maintenant mais paumés qui viennent chercher refuge dans la maison familiale.
dimanche 20 décembre 2009
Chez nous - Marilynne Robinson
Dans "Chez nous", nous assistons aussi au retour de Jack mais cette fois-ci du point de vue des Boughton. Il y a là, le père, ancien pasteur presbytérien, malade et très faible et sa fille, Glory, petite dernière de la fratrie de 8 enfants. Glory a bientôt 40 ans, elle est revenue pour s'occuper de son père mourant. Elle a quitté son travail d'enseignante et a subi aussi une grande déception amoureuse. Jack fut un garçon difficile, menteur, voleur, solitaire, en éternelle souffrance, devenu alcoolique. Et malgré tout, il fut le fils préféré. Ce sont donc deux enfants, adultes maintenant mais paumés qui viennent chercher refuge dans la maison familiale.
dimanche 13 décembre 2009
Le grand Quoi - Dave Eggers
Dave Eggers a recueilli puis retranscrit le témoignage de Valentino Achak Deng dont la vie terrible, mouvementée, dramatique, en fait un personnage extraordinairement romanesque.
Valentino est d’origine soudanaise et vit à Atlanta depuis plusieurs années. Il commet l'erreur d'ouvrir son appartement alors qu'une jeune femme frappe à sa porte. Il se retrouve face à 2 voleurs particulièrement agressifs qui le bâillonnent et le ligotent afin de lui voler toutes ses affaires. A partir de cet épisode violent, Valentino se remémore les différents évènements sanglants qu'il a vécus lors de la guerre civile soudanaise. A 8 ans, alors qu'il habite un petit village du nom de Marial Bai au sud du Soudan, Valentino est contraint de fuir précipitamment en laissant derrière lui les membres de sa famille, au cours d'une attaque de cavaliers arabes, les Murahaleen. Nous le suivons ensuite, avec tout un groupe d'enfants que l'on appellera "les enfants perdus", traversant à pied déserts et marécages, en direction de l'Ethiopie. Il sera rejoint par des milliers de personnes, fuyant la guerre civile et qui constitueront le camp de réfugiés de Pinyudo. Notre narrateur nous mène ensuite vers les camps du Kénya où il séjournera pendant plus de dix ans, puis dans son voyage vers les Etats-Unis.
"Le grand Quoi" de Dave Eggers
Editions Gallimard 2009 - 624 pages
Titre original: "What is the what"
mercredi 2 décembre 2009
James Lee Burke - Dans la brume électrique
Titre original: "In the electric mist with confederate dead" Hyperion books 1992
mercredi 25 novembre 2009
Sorj Chalandon - La légende de nos pères
"Ce héros sans lumière, ce résistant, ce brave, ce combattant dans son coin d'ombre" (p22).
Beaucoup de regrets lors de ce triste jour mais le plus grand est d'être passé à côté de la vie de cet homme, pas du papa mais du père.
"J'avais manqué mon père, mais il ne m'avait pas aidé non plus. La paix l'avait rendu à la vie simple, aux souvenirs de peu de mots. Il se mêlait rarement aux célébrations communes. Il commémorait à regret. Il avait trouvé la guerre terrible, et la Libération injuste."(p23)
"La légende de nos pères" de Sorj Chalandon
samedi 21 novembre 2009
Du temps pour lire...
samedi 7 novembre 2009
Yanvalou pour Charlie - Lyonel Trouillot
"Le premier jour, voilà ce que tu as dit. Tu as dit aussi de te pardonner, que tu n'avais pas le choix. Je crois que tu l'as dit, mais je n'ai pas de certitude. Cette partie-là, je ne sais plus si elle est de moi ou si elle est de toi. Si je l'ai lue dans tes yeux sans que tu la prononces. Ou si je l'ai inventée, après. Aujourd'hui je n'arrive pas toujours à distinguer mes mots des tiens. Il me semble que nous avons marché en nous tenant la main pour traverser beaucoup de choses."(p62)
Nous retrouvons comme chez D. Laferrière l'opposition à Port-au-Prince entre les quartiers des riches, aseptisés, sur les hauteurs, loin des centres villes et ceux des pauvres dans les bas-fonds, la boue, le bruit des autres. Mais nous sommes ici parfois très malmené par L. Trouillot qui nous fait partager la dure réalité des laissés-pour-compte. Malgré tout, ce livre nous délivre finalement un message d'espoir, d'amour, par le biais d'une correspondance entre Mathurin et une femme qu'il aime depuis toujours.
"Yanvalou pour Charlie" de Lyonel Trouillot
Edition Actes Sud- 2009
175 pages
mardi 13 octobre 2009
La liste des 100 livres préférés des français
3. Le petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry
4. Germinal d'Emile Zola
5. Le Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien
6. Le rouge et le noir de Stendhal
7. Le grand Meaulnes d'Alain-Fournier
8. Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne
9. Jamais sans ma fille de Betty Mahmoody
11. La gloire de mon père de Marcel Pagnol
12. Le journal d'Anne Frank
13. La bicyclette bleue de Régine Deforges
14. La nuit des temps de René Barjavel
15. Les oiseaux se cachent pour mourir de Colleen Mc Cullough
16. Dix petits nègres d'Agatha Christie
17. Sans famille d'Hector Malot
18. Les albums de Tintin de Hergé
19. Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell
20. L'Assommoir d'Emile Zola
21. Jane Eyre de Charlotte Bronte
22. Dictionnaires Petit Robert, Larousse
23. Au nom de tous les miens de Martin Gray
24. Le comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas
25. La cité de la joie de Dominique Lapierre
26. Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley
27. La peste d'Albert Camus
28. Dune de Frank Herbert
29. L'Herbe Bleue d'Anonyme
30. L'étranger d'Alber Camus
31. L'écume des jours de Boris Vian
32. Paroles de Jacques Prévert
33. L'alchimiste de Paulo Coelho
34. Les Fables de Jean La Fontaine
35. Le Parfum de Patrick Suskind
36. Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire
37. Vipère au poing d'Hervé Bazin
38. Belle du Seigneur d'Albert Cohen
39. Le Lion de Joseph Kessel
40. Huit-Clos de Jean-Paul Sartre
41. Candide de Voltaire
42. Antigone de Jean Anouilh
43. Les lettres de mon moulin d'Alphonse Daudet
44. Premier de cordée de Roger Frison-Roche
45. Si c'est un homme de Primo Levi
46. Les Malheurs de Sophie de la Comtesse de Ségur
47. Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne
48. Les fourmis de Bernard Werber
49. La Condition Humaine d'André Malraux
50. Les Rougon-Macquart d'Emile Zola
51. Les rois maudits de Maurice Druon
52. Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand
53. Les Hauts de Hurlevent d'Emily Bronte
54. Madame Bovary de Gustave Flaubert
55. Les Raisins de la Colère de John Steinbeck
56. Le Château de ma mère de Marcel Pagnol
57. Voyage au centre de la Terre de Jules Verne
58 La Mère de Pearl Buck
59. Le pull-over de Gilles
60. Mémoires de guerre de Charles de Gaulle
61. Des grives aux loups de Claude Michelet
62. Le Fléau de Stephen King
63. Nana d'Emile Zola
64. Les petites filles modèles de la Comtesse de Ségur
65. Pour qui sonne le glas d'Ernest Hemingway
66. Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez
67. Oscar et la Dame Rose d'Eric-Emmanuel Schmitt
68. Robinson Crusoé de Daniel Defoe
69. L'île mystérieuse de Jules Verne
70. La Chartreuse de Parme de Stendhal
71. 1984 de Georges Orwell
72. Croc-Blanc de Jack London
73. Regain de Jean Giono
74. Notre-Dame de Paris de Victor Hugo
75. Et si c'était vrai de Marc Levy
76. Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline
77. Racines d'Alex Haley
78. Le père Goriot d'Honoré de Balzac
79. Au Bonheur des Dames d'Emile Zola
80. La Terre d'Emile Zola
81. La nausée de Jean-Paul Sartre
82. Fondation d'Isaac Asimov
83. Le vieil homme et la mer d'Ernest Hemingway
84. Louisiane de Maurice Denuzière
85. Bonjour Tristesse de Françoise Sagan
86. Le Club des cinq d'Enid Blyton
87. Vent d'Est, Vent d'Ouest
88. Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir
89. Les cavalier de Joseph Kessel
90. Jalna de Mazo de la Roche
91. J'irai cracher sur vos tombes de Boris Vian
92. Bel-Ami de Guy Maupassant
93. Un sac de billes de Joseph Joffo
94. Le pavillon des cancéreux d'Alexandre Soljenitsyne
95. Le désert des Tartares de Dinon Buzzati
96. Les enfants de la terre de Jean M.Auel
97. La 25ème heure de Virgil Gheorghiu
98. La Case de l'Oncle Tom de H. Beecher-Stowe
99. Les Thibault de Roger Martin du Gard
100. Le silence de la mer de Vercors
mercredi 7 octobre 2009
L'énigme du retour - Dany Laferrière
Puis peu à peu, le ton change. Imperceptiblement, les sentiments se font plus doux, le propos plus positif. L'auteur rencontre les membres de sa famille, ses anciens amis, des artistes peintres, et réussit de nouveau à être touché par la beauté de ce qui l'entoure, par les plaisirs simples: nager dans une eau fraîche, manger du poisson dans un guinguette au toit de chaume près de la mer, discuter avec sa mère sur la galerie...
Il s'agit bien ici d'un récit sur les problèmes liés à l'exil mais de nombreux autres thèmes y sont abordés: les problèmes en Haïti, la pauvreté, la force des femmes, figures stables et courageuses de son histoire...
Un livre que je prendrais plaisir à relire, à feuilleter. Où je reviendrais piocher ici où là, au hasard, les beautés de l'existence.
"L'énigme du retour" de Dany Laferrière
Editions Grasset 2009. 300 pages.
lundi 7 septembre 2009
Little Bird - Craig Johnson
Sur la 4ème couverture, l'auteur porte un chapeau de cow-boy et juste au-dessus du titre, une photo en noir et blanc de plumes d'indiens. Me voici dans l'ambiance. Le récit se déroule dans le Wyoming, comté d’Absaroka. Grands espaces enneigés, le blizzard, les Bighorns Mountains, Walt Longmire, le shérif, évolue dans une nature magnifique, grandiose mais aussi parfois redoutable. Près d'une réserve cheyenne, le corps de Cody Pritchard est découvert dans la neige, tué d'une balle de gros calibre. Cet homme avait participé au viol d'une jeune fille cheyenne, Melissa, quelques années auparavant et avait pourtant été condamné à une faible peine. On pense donc à un règlement de compte...
J'ai apprécié l'intrigue et cette plongée dans cet univers particulier, isolé, où la nature est omniprésente. J'ai cependant été un peu déçue par le dénouement. Mais là n'est pas l'important. Comme souvent dans les bons polars, ce sont les relations que l'auteur tisse entre les personnages, les seconds rôles qui séduisent. Walt Longmire, très déprimé depuis la mort de sa femme, se laisse aller et s'appuie sur le travail de son adjointe, la dynamique et compétente Vic. Grande râleuse, au franc parlé, elle adore bien évidemment son supérieur. Ce dernier traîne aussi souvent au "Red Pony", bar plutôt miteux, tenu par son ami indien, Henry Standing Bear. Les dialogues entre les deux hommes sont souvent drôles et font mouche. C’est alors aussi l’occasion pour l’auteur d’évoquer les relations entre les blancs et les indiens du comté encore souvent tendues et pleines d’incompréhension.
Bref, un bon moment de lecture... Ouaip.
vendredi 28 août 2009
Contes et Légendes de Bretagne - Yves Pinguilly et Joëlle Jolivet
En vacances en Bretagne, j'ai essayé de transmettre à mes enfants cette sensation toute particulière que l'on peut y ressentir en présence de ses vieilles pierres, cloîtres, landes et autres hortensias. Des clichés? Pas tant que çà.
lundi 24 août 2009
Un roi sans divertissement - Jean Giono
lundi 20 juillet 2009
Composition française, Retour sur une enfance bretonne - Mona Ozouf
J’y suis venue après avoir visionné la 3ème émission du Bateau Libre. J’ai alors été fortement impressionnée par la personnalité de l’auteure.
M. Ozouf nous décrit dans un premier temps son enfance en Bretagne, avant la guerre, puis sa jeunesse étudiante à Paris où elle adhère au parti communiste. Elle est la fille unique de deux instituteurs. Son père, ardant défenseur de la culture et de la langue bretonne, meurt subitement alors qu’elle n’a que 4 ans. Elle va ensuite vivre dans le logement de fonction de l’école publique d’un petit village des Côtes d’Armor, Plouha, en compagnie de sa mère et de sa grand-mère maternelle. Solitaire, elle n’a pour seul horizon que la cour de l’école et se réfugie volontiers dans les livres et les manuels scolaires. Très vite, elle se trouve confrontée à trois mondes, trois écoles, qui s'opposent:
Ces trois écoles (de la Bretagne, de la France, de l'Eglise) qui font l'objet de trois chapitres différents dans ce livre l'ont construite mais leurs oppositions l'ont aussi parfois déstabilisée.
"En chacun de nous, en effet, existe un être convaincu de la beauté et de la noblesse des valeurs universelles, séduit par l'intention d'égalité qui les anime et l'espérance d'un monde commun, mais aussi un être lié par son histoire, sa mémoire et sa tradition particulières. Il nous faut vivre tant bien que mal, entre cette universalité idéale et ses particularités réelles" (p241)
Et pour finir, un petit clin d'oeil:
La chanson de l'équipe de foot de Saint Pol de Léon (p97)
"Bénissons la providence
De nous avoir faits bretons, bretons, bretons
Nous avons bien de la chance
d'être de Saint Pol de Léon, Léon, Léon."
mardi 30 juin 2009
Syngué sabour Pierre de patience - Atiq Rahimi
Quelque part en Afghanistan. Dans un appartement presque vide, une femme veille sur son mari, allongé sur un matelas à même le sol, alimenté par une simple solution d’eau sucrée-salée. Elle prie, elle lit le coran, elle s’allonge près de l’homme, elle cale sa respiration sur la sienne, lui touchant la poitrine, la barbe, les yeux. Puis tout d’un coup, elle n’en peut plus d’attendre, elle s’énerve, elle aimerait qu’il se réveille, elle a peur, elle est seule avec ses deux petites filles. Aux alentours, on se bat, les tirs sont très proches, un char entre dans le jardin de la voisine.
Atiq Rahimi plante son décor avec des phrases courtes, très sobres. Il est la voix «off », seule la femme parle. L’homme est immobile, dans le coma, il l'entend peut-être. Au début du récit, elle peine à dire ce qu’elle ressent, elle termine rarement ses phrases, peu habituée à exprimer ses idées. Puis petit à petit, elle se lâche, elle déverse sur son mari impassible, ses frustrations, ses craintes, ses malheurs de femme soumise, ses reproches. Il devient sa « pierre de patience » « Et la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu’à ce qu’un beau jour elle éclate… Et ce jour-là, on est délivré »
J’ai été rapidement totalement absorbée par le récit très émouvant de cette femme. Mais j'ai aussi trouvé ce texte extrêmement violent et éprouvant.
C’est le hasard, la présentation des livres de ma bibliothèque sur l’étagère des « nouveautés », mais je viens d’enchaîner trois lectures qui m’ont bien chamboulée, et j’aspire à des textes plus réjouissant ! Si vous avez des idées, conseils… n’hésitez pas !
"Syngué sabour" "Pierre de patience" d'Atiq Rahimi.
Edition P.O.L 2008 155 pages
Prix Goncourt 2008
samedi 27 juin 2009
L'intérieur de la nuit - Léonora Miano
Le récit se déroule essentiellement dans ce lieu très retiré, isolé géographiquement par des collines et par une brousse épaisse où personne n'ose s'y aventurer. Le village est la plupart du temps abandonné par les hommes, partis travaillés à la grande ville proche. Ne restent donc que les femmes, les enfants et les vieillards vivant encore suivant des traditions ancestrales.
"C'était aux femmes qu'il incombait de biner et de sarcler, les hommes ayant le devoir de prendre la route, selon une tradition dont le temps avait gommé l'origine et le sens" (p13).
Depuis quelques temps les villageois ne quittent plus le village, soumis à une injonction émise par une troupe de rebelles décidés à prendre le contrôle du pays. Un soir, un groupe de miliciens armés, pénètre dans le village. Commence alors la nuit où des actes effroyables vont être commis sous les yeux des villageois totalement impuissants et soumis.
Léonora Miano a donc peu à peu très bien planté le décor, nous amenant avec un grand talent à une scène clé de l’intérieur de cette nuit effrayante. Le ton est pourtant neutre, froid, presque scientifique. Nous sommes en présence d’un microcosme humain mis en place par l’auteur pour essayer d'analyser la réaction d’un groupe face à la violence et à la mort.
« Allongée sur son lit, elle se posait la question de la valeur réelle du diplôme pour lequel elle souhaitait rentrer en France. Que lui apporterait-il comme certitudes, et comment lui permettrait-il d’être au monde moins douloureusement ? Pour le moment, il n’y avait que ces deux boules noires qui s’entrechoquaient dans sa poitrine, se livrant une bataille résolue : l’Afrique et elle. Bien sûr, elle aimait l’Afrique. Et qui pourrait ne pas l’aimer ? Tous ceux qui avaient vu cette terre avaient voulu la posséder. La difficulté c’était les gens. Ces gens qui étaient aussi elle-même et dont elle ne parvenait pas à s’approcher, sur lesquels son regard était toujours celui d’une étrangère. » (p203)
Un beau texte, fort, captivant mais aussi oppressant, nous mettant en présence de scènes parfois difficilement soutenables. Merci à Gangoueus de me l'avoir fait découvrir.
mercredi 10 juin 2009
de A à X - John Berger
J'en viens alors à parler d'une deuxième possibilité de lecture de ce livre qui m'a vraiment emballée, je dois le dire. John Berger nous offre une énigme. Je me suis par exemple posée de nombreuses questions sur le classement des lettres, elles se trouvent dans trois paquets différents et n'apparaissent donc pas dans un ordre chronologique. Pourquoi certaines lettres n'ont pas été envoyées? etc...
"Je pense à tes lettres que je relis tôt le matin, quand les jours entre se heurtent et s'entrechoquent comme des wagons de marchandises, et je pense à mes lettres que tu lis dans ta cellule, et je souris en pensant à leur immense secret qui est le nôtre, à toi et à moi".*3
*2: p114
Un clin d'œil à Aline pour cette lecture partagée.
"de A à X" de John Berger
Editions de l'Olivier-2009- 211 pages
Traduction par Katya Berger Andreadakis
Première édition en 2008 chez Verso
dimanche 7 juin 2009
Gilead - Marilynne Robinson
Nous sommes dans une région où le climat est rude, sec, les habitants sont pour la plupart très misérables mais le narrateur nous décrit son attachement à cette terre, à cette ville où il a toujours vécu:
"J'aime la Grande Prairie! Tant de fois j'ai vu l'aube se lever, la lumière se répandre sur la plaine, sur chaque chose se mettre à rayonner au même instant tandis que le mot"bon" s'affirmait si profondément dans mon âme que j'étais ébahi qu'on m'autorise à assister à un tel spectacle".*1
En toile de fond de cette longue lettre, nous percevons la guerre de sécession, la lutte pour l'abolition de l'esclavage, les Free Soilers (abolitionistes), "ceux qui ne s'allient pas à la grande cause, les dough faces" *2 (les têtes molles) ainsi que les divisions que cela pouvaient engendrer, dans la propre famille du pasteur. Son grand-père, cheveux hirsutes, borgne, excentrique, distribuant autour de lui le peu qu'il possède était un activiste forcené de la lutte contre l'esclavage et prit même les armes finalement. Pour ces raisons, il fut, une grande partie de sa vie, en totale opposition avec son propre fils, le père du narrateur qui refusait le combat armé.
*1: p330
*2: p237
*3: p68
"Gilead" de Marilynne Robinson
Actes Sud 2007. 331 pages
Pulitzer Prize for Fiction
National Book Critics Circle Award
lundi 25 mai 2009
Annie Ernaux - La place
*1:p23
*2:p24
"La place" d'Annie Ernaux
Gallimard-1983-114 pages
Prix Renaudot en 1984
jeudi 14 mai 2009
Victor Hugo - Le dernier jour d'un condamné
Il s'agit ici d'un récit à la première personne d'un prisonnier décrivant ses états d'âme, ses craintes, ses regrets, ses rêves alors qu'il sait depuis 5 semaines qu'il sera mis à mort sur la place de Grève.
Le texte présente trois parties correspondant à des lieux mais aussi à des espaces temps différents se terminant par la mort: le condamné est dans son cachot, il est ensuite transféré à la conciergerie, il est en place de Grève. L'auteur réussit très bien à nous transmettre l'état de tension croissante dans lequel se trouve le prisonnier passant par des phases d'abattement total, d'espoir, de colère et de résignation. Nous accompagnons totalement le prisonnier vers sa fin.
Une des originalités du texte pour l'époque est qu'aucune information nous est donnée sur le condamné: nous ne connaissons pas son identité, son origine, nous savons qu'il y a eu crime mais nous ne savons pas dans quelles circonstances etc... Par ce biais, V. Hugo entend bien sûr tendre à l'universalité du propos mais cependant, il semblerait au vue des différentes notes supplémentaires de l'époque qui nous sont fournies dans la collection Folio classique que cela ait gêné la lecture de certains de ces contemporains. Nous pouvons lire par exemple un extrait d'une critique de l'époque:
"Dérober ainsi au lecteur les éléments qui eussent satisfait sa curiosité, c'est à dire, en fait, le priver du mobile même de sa lecture. N'est-ce pas là, sur le plan de la plus élémentaire stratégie narrative, une erreur grave sinon une inconvenance?"*1
Par ailleurs, par les dires mêmes du condamné, nous sommes certains qu'il a commis le crime dont il est accusé. L'auteur ne discute donc pas du fait qu'il y a peut-être une erreur de jugement. Il décrit seulement l'ignominie de la mise à mort.
"Se sont-ils jamais seulement arrêtés à cette idée poignante que dans l'homme qu'ils retranchent il y a une intelligence, une intelligence qui avait compté sur la vie, une âme qui ne s'est point disposée pour la mort? Non. Ils ne voient pas dans tout cela que la chute verticale d'un couteau triangulaire, et pensent sans doute que pour le condamné, il n'y a rien avant, rien après."*2
Le beau texte se suffit à lui-même pour nous captiver mais la présence des différents documents en fin d'ouvrage m'a aussi beaucoup intéressée et m'a permis de me plonger dans cette période vraiment fascinante du 19ème siècle. J'ai appris par exemple qu'il s'en ait fallu de peu pour que la peine de mort soit abolie dès 1830. Ce récit m'a enfin permis d'évaluer combien les propos de Victor Hugo étaient modernes.
"Tout est prison autour de moi, je retrouve la prison sous toutes les formes, sous la forme humaine comme sous la forme de grille ou de verrou. Ce mur, c'est de la prison en pierre, cette porte, c'est de la prison en bois, ces guichetiers, c'est de la prison en chair et en os. La prison est une espèce d'être horrible complet, indivisible, moitié maison, moitié homme. Je suis sa proie; elle me couve, elle m'enlace de tous ses replis. Elle m'enferme dans ses murailles de granit, me cadenasse sous ses serrures de fer et me surveille avec ses yeux de geôlier."*3
*1: p417
*2: p286
*3: p314
La collection Folio Classique présente aussi dans ce livre un autre récit "Bug-Jargal, dont je ne parlerai pas ici.
"Le dernier jour d'un condamné" de Victor Hugo précédé de "Bug-Jargal"
Préface de Roger Borderie
Folio classique- 442 pages
Editions Gallimard 1970 pour la préface, notices et notes.
mardi 12 mai 2009
Dinaw Mengestu - Les belles choses que porte le ciel
J'ai tellement peur que l'histoire se termine mal, je ne le supporterai pas, que je lis la fin et des pages centrales avant d'avoir terminé réellement sa lecture.
Je l'ai pourtant choisi initialement uniquement pour son titre. "Les belles choses...", j'avais envie de positif, de réjouissant et de léger.
Léger est ce livre effectivement mais c'est seulement un petit air qu'il veut se donner, il aborde en effet des questions bien intéressantes. Le héros s'appelle Sepha Stephanos. Il a fui dans sa jeunesse l'Ethiopie lors de la révolution des années 70 et habite dans un quartier pauvre de Washington, occupé essentiellement par des noirs. Sa mère et son jeune frère sont encore au pays. Il est propriétaire d'une petite épicerie qui est au bord de la faillite et passe son temps libre en compagnie de deux amis, Kenneth originaire du Kenya et Joseph de la République démocratique du Congo qui viennent le rejoindre le soir venu. L'emménagement de Judith, jeune femme blanche cultivée et aisée, accompagnée de sa fille, dans la maison voisine va perturber la vie de Sepha mais aussi celle du quartier.
Le récit de la vie de Sepha a Washington est entrecoupé de retours douloureux, brutaux, sanglants sur le passé en Ethiopie qui offrent un contraste frappant avec son nouveau quotidien. Il est ici aussi beaucoup question de sa recherche de sentiment de sécurité. Il essaie de se créer un doux cocon avec ses amis, il aime ses habitudes, les éclairages chaleureux de son épicerie, il recherche la chaleur humaine dans les bus bondés etc...
Sepha est un personnage vraiment attachant, plein d'humour qui nous donne à voir ses espoirs déçus, mais aussi ses petites réussites, son sentiment de solitude, sa recherche d'amour... Sentiments auxquels nous pouvons tous nous identifier.
*1: p160
"Les belles choses que porte le ciel" de Dinaw Mengestu
Albin Michel- Terres d'Amérique- 2007
304 pages
Traduction de Anne Wicke
vendredi 8 mai 2009
Stéphane Audeguy - Nous autres
Par de très courts chapitres, l’auteur insère dans son récit la description de destins tragiques de kenyans soumis à l’exploitation de grandes firmes internationales, de blancs désabusés, souvent parachutés dans ce pays et venant y vivre leur spleen et leurs échecs. Passé et présent s’entremêlent grâce à la voix des « Nous autres » qui se manifestent parfois dans le récit et qui viennent doucement souffler sur l’épaule de Pierre. Ce sont les témoins du passé, les esprits bienveillants des ancêtres :
« …, depuis le temps, et dans cette nuit du Kenya, nous veillons sur les morts et sur nos descendants, sur les bantous qui jadis s’en allèrent vers la côte, il y de çà bien deux mille deux cents ans, sur les colons arabes et les colons persans, sur les nomades nilotiques, sur les portugais et même sur les anglais ». *1
Comme un fil rouge dans le roman nous suivons aussi en parallèle la construction de la voie ferrée qui relie Mombasa au lac Victoria. Voie ferrée, source de souffrances pour les travailleurs venant des quatre coins du monde pour la construire mais qui sera finalement empruntée par Pierre lors d’un moment de bonheur.
La particularité du style de l'auteur que j'apprécie beaucoup, vient du fait qu'il ne nous livre pas les pensées, la psychologie des différents personnages. Il décrit les faits, leurs actions. Il est neutre. Nous devenons donc, comme les mystérieux "Nous autres", nous aussi de simples spectateurs bienveillants des différents destins qui nous sont racontés.
« Ici et là des chemins de terre rouge montent vers la large route. Des hommes et des femmes, le vêtement impeccable, la démarche élégante, s’avancent vers cette route et leurs pieds sont nus, ils tiennent à la main leurs chaussures. Dans le froid et le silence sortant des bidonvilles et des vallées humides, ils prennent leur place dans la file de ceux qui descendent vers la ville, et bientôt ils traversent le parc Uhuru, ils se rincent les pieds à de mornes fontaines, enfilent leurs chaussures et s’en vont travailler. Pendant une semaine, Pierre se promène, sans autre boussole que le hasard. »*2
*1 : p29
*2: p121
Un clin d'œil à Aline pour cette lecture partagée.
« Nous autres » de Stéphane Audéguy
Gallimard- 2009
253 pages.
dimanche 19 avril 2009
Jean Echenoz- Courir
Pas grand chose à faire de bien réjouissant pour Emile dans la petite ville de Zlin, Moravie, dans les années 40: l'usine Bata pour les chaussures, Tatra pour les voitures, une équipe de football et une course à pieds, nommée "Parcours de Zlin". Emile a 17 ans lorsque les allemands entrent dans sa ville et c'est par hasard et presque contraint qu'il participe à cette fameuse course alors qu'il n'aime pas le sport. Il ne gagne pas mais prend plaisir à courir, "tout gentil qu'il est, il s'aperçoit qu'il aime aussi se battre"*1. Emile, c'est le fameux Emil Zatopek, "la locomotive" que nous suivons dans ce livre. En toile de fond, la guerre 39-45, l'occupation par les allemands, les différents régimes socialistes qui se succèdent en Tchécoslovaquie. Ils ne savent pas trop quoi en faire de ce héros populaire, de "ce phénomène du socialisme réel"*2 qui risquerait cependant de tenter un passage à l'ouest.
mercredi 1 avril 2009
Arturo Pérez-Reverte- Le peintre des batailles
Commence alors une longue conversation où il est question de la cruauté des hommes, de l’art, de la peinture et de la photographie.
« Le peintre des batailles » d’Arturo Pérez-Reverte
Points- 270 pages.
Première édition française au Seuil en 2007.
Traduction de François Masperol
jeudi 19 mars 2009
Alain Mabanckou - Verre cassé
Alain Mabanckou a ici un style très particulier, original, que j’ai beaucoup apprécié. Le livre ne commence pas par une majuscule, nous prenons les choses en cours. Il n’y a aucun point, pas de point final ; l’histoire se poursuit sans nous. Par ailleurs, le roman est truffé de références littéraires, de nombreux titres de romans sont insérés dans le texte et s’y fondent parfaitement, constituant de nombreux clins d’œil amusant au lecteur.
dimanche 15 mars 2009
Henry Bauchau - Le boulevard périphérique
« Le boulevard périphérique » d’Henry Bauchau
Actes Sud- 255 pages - Première publication: 2008
Prix du livre Inter en 2008