Quelque part en Afghanistan. Dans un appartement presque vide, une femme veille sur son mari, allongé sur un matelas à même le sol, alimenté par une simple solution d’eau sucrée-salée. Elle prie, elle lit le coran, elle s’allonge près de l’homme, elle cale sa respiration sur la sienne, lui touchant la poitrine, la barbe, les yeux. Puis tout d’un coup, elle n’en peut plus d’attendre, elle s’énerve, elle aimerait qu’il se réveille, elle a peur, elle est seule avec ses deux petites filles. Aux alentours, on se bat, les tirs sont très proches, un char entre dans le jardin de la voisine.
Atiq Rahimi plante son décor avec des phrases courtes, très sobres. Il est la voix «off », seule la femme parle. L’homme est immobile, dans le coma, il l'entend peut-être. Au début du récit, elle peine à dire ce qu’elle ressent, elle termine rarement ses phrases, peu habituée à exprimer ses idées. Puis petit à petit, elle se lâche, elle déverse sur son mari impassible, ses frustrations, ses craintes, ses malheurs de femme soumise, ses reproches. Il devient sa « pierre de patience » « Et la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu’à ce qu’un beau jour elle éclate… Et ce jour-là, on est délivré »
J’ai été rapidement totalement absorbée par le récit très émouvant de cette femme. Mais j'ai aussi trouvé ce texte extrêmement violent et éprouvant.
C’est le hasard, la présentation des livres de ma bibliothèque sur l’étagère des « nouveautés », mais je viens d’enchaîner trois lectures qui m’ont bien chamboulée, et j’aspire à des textes plus réjouissant ! Si vous avez des idées, conseils… n’hésitez pas !
"Syngué sabour" "Pierre de patience" d'Atiq Rahimi.
Edition P.O.L 2008 155 pages
Prix Goncourt 2008